Présentation de l'édifice
C’est un bel immeuble qui n’attirait plus guère l’attention du passant avant sa restauration. Il offre une belle façade à la décoration foisonnante. Situé à proximité de l’église russe de la rue Longchamp, l’immeuble est un des plus remarquables exemples de l’influence italienne dans le paysage niçois.
La façade est entièrement couverte d’un décor en « sgraffito » réalisé par des artistes italiens à la fin du XIXe siècle. Puisant peut-être leur inspiration dans les décors de la maison des Vetii à Pompéi, ils ont représenté, au registre inférieur du bâtiment, Mercure, Erato, Apollon…, s’inscrivant dans des encadrements représentant des animaux fantastiques et d’amours ailés.
L’étage supérieur poursuit dans la veine mythologique, Diane, Flore, Vénus et Minerve encadrent Adonis et le dernier étage présente cinq trumeaux ornés de boucliers ronds et de sphinges. La complexité du décor et la connaissance approfondie du panthéon gréco-romain et des héros de l’antiquité laissent supposer un commanditaire érudit et des artistes aguerris. Sans doute faut-il rechercher dans les villes de Toscane, où s’exerce, à la fin du XIXe siècle, un renouveau des traditions décoratives venues de la Renaissance, l’origine des artisans expérimentés, à l’œuvre rue Longchamp.
La technique utilisée du « sgrafitto » est en effet délicate à manier. Après avoir appliqué une première couche d'enduit qu’il laisse prendre sans sécher, le décorateur la couvre d’une seconde couche d’une couleur plus contrastée. Il applique un poncif, sorte de calque à petits trous, qui lui permet de reporter le dessin préparatoire sur la surface à peindre et il vient ensuite griffer la première couche de couleur avec un couteau pour faire apparaitre le motif en creux. Il doit alors preuve d’une grande dextérité car il dispose d’une journée tout au plus pour réaliser son décor…
Travaux de préservation
Le travail technique et artistique est particulièrement délicat et avait un coût important qui lui fit préférer le trompe-l’œil et la fresque murale. Il reste donc peu de traces, dans le département, de ce type d’ouvrage, du moins atteignant cette ampleur. Le Département a participé à la restauration de ces décors.