A ce jour, les plus anciennes occupations humaines des Alpes-Maritimes, qui ont été mises en évidence dès 1958 dans la grotte du Vallonnet à Roquebrune-Cap-Martin, datent d’un million d’années. Cette petite cavité, qui figure parmi les plus anciens sites préhistoriques de France méridionale, a en effet été occupée en alternance par des grands mammifères (ours, loup, lynx, renard, guépard et hyène notamment) et des hominidés (Homo antecessor). La découverte récente d’outils lithiques archaïques à Saint-Isidore (commune de Nice), dans la localité dite du Vallon obscur, confirme la présence d’hommes préhistoriques sur le littoral des Alpes-Maritimes dès le Paléolithique inférieur ancien.
Découvert en 1966 à l’occasion d’une fouille de sauvetage, le site Paléolithique inférieur de Terra Amata, à Nice, témoigne de l’installation périodique de groupes de chasseurs préhistoriques (Homo heidelbergensis) sur le littoral niçois, non loin de l’embouchure originelle du Paillon, il y a 400 000 ans environ. L’outillage lithique est essentiellement constitué de galets aménagés (choppers et plus rarement chopping-tools). La présence de pics, de hachereaux et de quelques bifaces est remarquable et permet d’attribuer le gisement à l’Acheuléen. Les restes paléontologiques indiquent que les hommes préhistoriques chassaient principalement le cerf, l’éléphant, l’aurochs le daim et le sanglier. Enfin, le site de Terra Amata a livré des foyers qui figurent parmi les plus anciens connus à ce jour.
Propriété du Département des Alpes-Maritimes et site classé Monument historique depuis 1963, la grotte du Lazaret, à Nice, renferme des dépôts témoignant d’une occupation périodique par des groupes humains, de – 200 000 à – 130 000 ans. La grotte du Lazaret est un gisement préhistorique d’intérêt scientifique et culturel international qui permet d’appréhender de façon détaillée, non seulement la transition entre deux périodes culturelles majeures des temps préhistoriques que sont le Paléolithique inférieur et le Paléolithique moyen, mais également de comprendre l’émergence de l’Homme de Néandertal (Homo neanderthalensis) qui demeure l’un des processus les plus fascinants de l’évolution humaine, grâce aux nombreux restes anthropiques découverts dans le site.
Les civilisations de l’Homme de Néandertal (Homo neanderthalensis) sont connues à Pié Lombard (Tourrettes-sur-Loup) et à la grotte du Merle (Tourrette-Levens). Ces deux gisements apportent des données inédites sur l’évolution des environnements et des climats au cours de la première moitié du Pléistocène supérieur. Ils permettent également d’appréhender le comportement et le mode vie d’Homo neanderthalensis à l’interface des Alpes les plus méridionales et de l’étroite bande côtière liguro-provençale
Les civilisations du Paléolithique supérieur sont notamment documentées grâce à la Baume Périgaud, à Tourrette-Levens, qui a livré des informations précieuses sur l’arrivée et l’installation de l’Homme moderne (Homo sapiens) sur les rivages méditerranéens de France, à partir de - 34 000 ans, à l’issue de la disparition de l’Homme de Néandertal.
Il y a 10 000 ans environ, le Néolithique des agriculteurs et pasteurs sédentaires a succédé au Paléolithique des nomades chasseurs-cueilleurs. A Nice, le site de Caucade constitue un des plus anciens établissements néolithiques du littoral français (5 600 – 3 650 av. J.-C). A Castellar, les fouilles effectuées au cours des dernières décennies dans l’abri Pendimoun ont permis de mettre au jour plus de trente niveaux archéologiques datant de 5 500 à 2 000 av. J.-C.
Enfin, dans la région du mont Bego, à Tende, les gravures rupestres du Chalcolithique et de l’âge du Bronze ancien (2 800 à 1 500 av. J.-C) de la vallée des Merveilles et du val de Fontanalba livrent des informations essentielles pour la compréhension de la vie quotidienne, des cultes et des croyances des premières civilisations protohistoriques agro-pastorales des hautes vallées alpines.
Le musée des Merveilles
Les Alpes-Maritimes ont une histoire qui prend ses racines aux sources des plus anciennes civilisations de l’humanité. Le Mont Bego, situé dans le massif du Mercantour, constitue l’un des témoignages les plus fabuleux de cet immense passé, qui a heureusement été sauvegardé jusqu’à nos jours. Le musée des Merveilles est dédié à la préservation de ce patrimoine inestimable.
La grotte du Lazaret
La grotte du Lazaret est située au pied des pentes du mont Boron, dans la ville de Nice, à 26 mètres au-dessus de la mer. Elle à servi d'abri pour les hommes préhistoriques anténéandertaliens, qui l'ont occupée de -190 000 à -130 000 ans. La grotte du Lazaret est un site archéologique du paléolithique inférieur, classé monument historique depuis 1963.Elle est toujours en cours de fouille par le Laboratoire Départemental de Préhistoire du Lazaret.
La grotte du Vallonet
La grotte du Vallonet, située sur la commune de Roquebrune-Cap-Martin, s'ouvre sur le flanc d'une montagne de roches dolomites et calcitiques formée au Jurassique.
La grotte du Vallonet, située sur la commune de Roquebrune-Cap-Martin, s'ouvre sur le flanc d'une montagne de roches dolomites et calcitiques formée au Jurassique. La cavité débute par un couloir d'entrée de 5 mètres de long pour donner sur une petite salle de 4 mètres de largeur. Cinq ensembles stratigraphiques ont été mis en évidence dans le remplissage. Le plancher stalagmitique inférieur a été daté d'environ 1.4 millions d'années et le plancher stalagmitique supérieur a donné un âge de 910 000 ans. Seul l'ensemble III, qui peut atteindre localement plus d'un mètre d'épaisseur, a livré des restes fossiles de grands mammifères et des outils lithiques.
La grande diversité d'espèces de mammifères découverts montre que les environnements de la région ainsi que les alternances des saisons d'été et d'hiver étaient propices à la fréquentation des abords de la grotte par des espèces aussi variées que celles vivant en forêt, comme les cerfs, celles vivant sur des espaces découverts comme le cheval, le bison ou le rhinocéros, ou encore celles vivant sur des reliefs escarpés comme le thar ou le mouflon. Dans cette grotte relativement sombre et de petites dimensions, les hommes ont laissé des traces de leur passage : outils taillés et os fracturés. Ces indices reflètent une activité réduite, à l'image d'une halte de chasse ou un abri occasionnel. L'essentiel de leurs activités devait se passer dans les environs immédiats de la grotte, à la lumière du jour. Il a été mis en évidence que les cerfs de petite taille sont largement dominants en nombre d'individus par rapport aux autres espèces d'herbivores. De plus, la courbe de mortalité de ces cerfs évoque une chasse, car la majorité des individus sont des jeunes adultes.
On peut imaginer qu'un petit groupe d'hommes devait occasionnellement chasser ces cerfs et converger vers la grotte et y rapporter les restes des gros herbivores, pour les stocker et pouvoir les désarticuler à l'abri d'autres prédateurs. Cela était possible quand la grotte n'était pas occupée par d'autres carnivores (ours, loups, hyènes) qui ont laissé les restes de leurs repas.
Les dépôts de la grotte de Vallonnet ont livré une industrie lithique peu élaborée. Elle comprend à ce jour 78 pièces taillées sur des galets originaires du poudingue miocène de Roquebrune. Les pièces en silex pourraient provenir des galets qui affleurent à 700 mètres de la grotte. C'est le calcaire qui a été le plus souvent utilisé pour la fabrication des outils, plus rarement le grès et exceptionnellement le quartzite ou le silex.
Cette industrie comprend essentiellement des galets taillés (choppers, chopping-tools ), des éclats de percuteurs et quelques rares pièces à retouches continues. Un fémur de bison qui présente une série d'enlèvements a servi vraisemblablement d'outil de percussion. Cinq bois de cervidés, ont été intentionnellement apportés dans la grotte pour être utilisés comme outils. Une partie du résultat des fouilles est visible au musée de Préhistoire régionale de Menton.
Site protohistorique de la Cime de la Tournerie, Roubion
Le site de la Tournerie est un sanctuaire de l'âge du Fer, situé à plus de 1800 m d'altitude dans le massif du Mercantour.
Le site de la Tournerie sur la commune de Roubion, est un sanctuaire gaulois de l’âge du Fer (Ve-IIIe siècle av. J.-C.), situé à plus de 1800 m d’altitude dans le massif du Mercantour. Il correspond à un lieu de culte monumental caractérisé par un réseau d'enceintes concentriques constituées de fossées qui délimitent une plate-forme d'environ 500 m2. Implanté sur un monticule, il constitue un belvédère qui offre une vue à 360° sur les plus hauts sommets du massif Argentera-Mercantour.
Il est découvert en 1996 par Jean Latour lors d'une prospection aérienne.
C'est dans les années 2010 que le site retrouve l'attention des archéologues. Diagnostiqué en 2011, les fouilles commencent en 2014. Le résultat de 7 années de fouilles (2014-2020) ont livré les vestiges d’une architecture monumentale, d’armes, de bijoux, de monnaies massaliote du IIIe siècle avant J.-C., des vestiges de faunes évoquant des pratiques de banquets et des ossements humains. Ils confirment l'interprétation la vocation cultuelle du site. Par les moyens mis en oeuvre pour sa construction le sanctuaire de la Cime de Tournerie apporte un témoignage de la présence d'une population importante, ce qui remet en cause la perception de l'occupation sporadique de ces montagnes reculées. Les gestes cultuels identifiés sont en partie inédits mais s'inscrivent pleinement dans la culture celtique. Ce qui éloigne de la perception d'une Gaule méditerranéenne uniquement ancrée dans le monde hellénistique.
Le sanctuaire de la Tournerie est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 15 octobre 2020. Il sera au coeur d'un dispositif de médiation et de valorisation visant à dynamiser et diversifier l'activité de station de ski été-hiver de la commune de Roubion. Il sera aussi une nouvelle destination culturelle à l'échelle du massif.