Patrimoine longtemps méconnu, les chapelles peintes des Alpes-Maritimes suscitent un regain d'intérêt depuis plusieurs décennies. Elles reflètent la vitalité de la région en matière d'art sacré, y compris dans les vallées du Haut-Pays.

Edifiées entre le milieu du XVe siècle et le milieu du XVIe siècle, les chapelles peintes s'égrènent le long des vallées du Var, de la Tinée, du Paillon ou de la Roya. Souvent isolées dans des lieux aujourd'hui désertés, elles jouxtent au Moyen Âge des chemins très fréquentés et des villages animés par une importante activité agricole ou commerciale. Les commanditaires sont pour la plupart anonnymes. Très nombreuses à l'origine, elles ont difficilement traversé les siècles.

De dimensions réduites, les chapelles peintes sont des édifices modestes qu'il est difficile de distinguer parfois d'une bergerie. L'organisation de l'espace intérieur est codifié : le saint patron du lieu occupe le chevet, sur la voûte et les murs latéraux se déploient, sur un ou deux registres, des panneaux de scènes narratives, véritable bande dessinée destinée à un public illetré ; des bandes colorées ou formées de motifs décoratifs encadrent ces panneaux ; le bas des murs est occupé par diverses représentations visant à entretenir la foi des fidèles ou par de simples tentures.

La réalisation des représentation peintes est attribuée à des peintres que l'on appelle sans distinction "Primitifs niçois" et présente des qualités d'exécution variables. Il faut néanmoins distinguer les oeuvres d'Andrea da Cella et ceux de Giovanni Baleison et Giovanni Canavesio qui se démarquent par la qualité et la précision des éléments architecturaux, décoratifs et végétaux (Andrea da Cella), le raffinement des représentations humaines, la minutieux du détail (Giovanni Baleison), ou le côté dramatique des scènes, l'impression de mouvement, la souffrance exprimée sur le visage (Giovanni Cavavesio).

Les peintures sont destinées à enseigner par l'image l'histoire religieuse aux populations rurales mais visent aussi à soutenir, ranimer la foi des fidèles.

Les chapelles ont aussi pour mission de protéger la société des fléaux et constituent un véritable rempart contre les calamités, grâce à la présence et à la protection de leur saint patron.

La décoration des chapelles peintes est réalisée en grande partie avec la technique de la détrempe en plusieurs couches, une technique plus simple à mettre en oeuvre. Les pigments broyés sont liés à la colle et appliqués sur un enduit sec, ce qui permet d'effectuer des retouches. Assez réduite, la palette repose sur toirs couleurs de base : l'ocre jaune, l'ocre rouge et le gris ardoise, auxquelles s'ajoutent le blanc de chaux et plus rarement, le vert et le bleu très onéreux.