Présentation de l'édifice
Selon Yann Codou, enseignant chercheur spécialiste de l’histoire de Lérins, il est impossible d’apprécier si ce semis de chapelles périphériques appartient à un projet architectural global ou si ce paysage monumental s’est structuré par ajouts successifs.
Dans ce contexte, la chapelle Saint-Sauveur a valeur d’exemple. Elle attire l’attention en raison de son plan centré, parti original en Provence.
Extérieurement, elle apparaît comme un octogone, d’environ 8 mètres de diamètre. Intérieurement, six pans de l’octogone sont occupés par une niche semi-circulaire. Celui de l’est comporte une abside qui fait face à l’entrée. Les enduits recouvrant les murs rendant l’analyse du bâtiment difficile, les éléments les plus intéressants de l’histoire de l’édifice ont été donnés par la fouille archéologique.
Cette dernière a permis d’établir que, dans un état premier, on trouvait, dans l’enceinte de la chapelle Saint-Sauveur actuelle, une petite église et un bâtiment annexe, correspondant à la première phase d’occupation du lieu au Ve siècle. L’ensemble formait un espace de vie et de prière correspondant à un mode de vie pratiqué par certains moines ermites.
Un deuxième état indique que l’oratoire assuma ensuite des fonctions funéraires et commémoratives, comme le suggère son sol occupé presque en totalité par des inhumations. Une pièce rectangulaire longue et étroite accolée au sud de l’oratoire et de la salle de réunion s’organisait autour d’une tombe « monumentale », qui pourrait être celle de l’un des ascètes qui s’étaient installés sur l’île au Ve siècle.
Alors que la vie monastique se réorganisait autour d’un lieu unique de vie, il aurait paru important de vénérer la sépulture de certains des premiers ascètes de l’île, ce phénomène se situant entre l’extrême fin du Ve et le début du VIe siècle.
Au VIIIe siècle, une occupation profane est attestée correspondant sans doute au départ de la communauté monastique. Celle-ci se réinstallant ensuite, les structures subsistantes de la chapelle furent rasées et l’essentiel de leurs matériaux récupéré afin d’être réutilisé. Ce nouvel édifice (fin du VIIIe et le début du IXe siècle) pourrait correspondre à une pratique liturgique nouvelle, fondée sur le déplacement entre différents lieux de culte sur l’île et déterminant un espace sacré.
La chapelle serait alors, avec d’autres, une église stationnale liée à une liturgie du déplacement.
Travaux de préservation
Le Département a soutenu financièrement les opérations de fouilles et la restauration de la chapelle.