L’architecture rurale dans les vallées maralpines témoigne d’un équilibre entre le milieu culturel propre à chaque vallée, l’environnement, conditionné par le climat, le relief et les ressources naturelles à disposition et enfin les pratiques agricoles, pastorales et forestières.

Dans le Haut-Pays, il s’agit de surmonter l’hiver et la pente pour entretenir un habitat permanent en montagne. Plus l’altitude s’élève, plus les délais sont courts pour les travaux agricoles et pour engranger les ressources indispensables à la survie hivernale. Ces contraintes impactent sur la structure de l’habitat.

Les espaces dévolus au stockage des réserves (bois, fourrages, pailles, grains, légumineuses, salaisons et fruits secs) représentent une part importante du bâti aux étages supérieurs. Là où les mélèzes et les conifères abondent on a privilégié l’empilement des troncs assemblés à mi-bois sur assise de pierre.

Ailleurs, les balcons sous auvent et les sous-pentes des toits accueillent les récoltes qui ne sont pas parvenues à maturation ou qui sont séchées pour être conservées. Les prunes, les figues bénéficient de séchoirs, les « souléaïres » orientés plein sud dans la Moyenne Vallée du Var.

En Vésubie, les combles, largement ventilés, permettaient le séchage des châtaignes par enfumage. La couverture est conditionnée par les matériaux à proximité (lauzes dans la Tinée et la Roya, bardeaux de mélèze ou d’épicéa dans l’aire alpine ou tuiles canal plus au sud. Le chaume de seigle a été oublié depuis le premier quart du 20e siècle.

Dans l’espace réduit dévolue à l’habitation, logent le bétail, puis à l’étage supérieur la famille. L’hiver, dans la Haute-Tinée et le Haut-Var, les familles pouvaient passer une partie de leur temps dans les étables pour se réchauffer. Lorsque l’eau manque à proximité, des citernes recueillent les eaux pluviales.

Dans les espaces moins contraints, des aires dallées pour le foulage des céréales complètent les dépendances. Les familles les plus nobles possèdent des pigeonniers, pour fumer les terres et consommer les volatiles comme à Péone et Saint-Etienne-de-Tinée. Concernant l’apiculture, on trouve des ruchers placards dans les maisons du Haut-Var et de la Tinée. A La Brigue, des enclos de pierre, les «ca d'arbinée », préservent les ruches des voleurs, des blaireaux et des ours…

Pour bénéficier de surface agricole suffisante, les hommes ont dû maîtriser la pente. Terrasses de cultures, talus arborés, canaux d’irrigation pour irriguer les vergers, les chènevières (pour le chanvre textile), les potagers et les prairies en témoignent.

Dans ces espaces, l’habitat est regroupé, sur des éperons rocheux dominant la vallée et facilement défendables. Ce n’est que plus que tard, lorsque l’on choisit de construire de nouvelles routes en fond de vallée que les villages se développent à proximité. Les habitats dispersés qui demeurent sont étroitement liés à des activités agricoles ou pastorales saisonnières, comme les bergeries et les enclos de pierres sèches.

A proximité des habitations, se trouvent des structures collectives de transformations, four à pain, moulins à farine, à huile (de noix pour l’aire alpine ou d’olive jusqu’à 750 mètres), pressoirs vinicoles. Les forges, dont deux bénéficient encore de martinet (Contes et moulin Carabalona à Tende), permettent l’entretien et la fabrication de l’outillage. Leurs activités de maréchalerie permettent le ferrage des bœufs et des équidés employés aux labours et aux transports.

Au début du 20e siècle, les alpes méridionales se couvrent de coopératives laitières (Saint-Etienne-de-Tinée, Belvédère, Saint-Martin-Vésubie…), de piscicultures (Saint-Sauveur-sur-Tinée) et de vacheries. Ces équipements sont bâtis pour lutter contre l’exode rural.