Maritime : La Galerie Lympia, ancien bagne du port de Nice
Canton : Nice 1 - Canton N°15
Commune : Nice
Publié le - Mis à jour le
Adresse : Boulevard Stalingrad, 06300 Nice
La Galerie Lympia est un témoin exceptionnel de l’histoire de Nice. Première construction réalisée sur le port, elle a connu plusieurs usages au cours des siècles comme entrepôt, bagne, prison et caserne. L’édifice comprend deux parties, un rez-de-chaussée voûté, en pierres de taille, et un pavillon à clocheton, de style néoclassique.
Les « Magasins du carénage », construits vers 1750
Construit à partir de septembre 1750, achevé au plus tard en 1752, c’est à la fois le premier tronçon d’un môle, ouvrage fermant l’entrée du port, et un rempart, muni de canons, contre d’éventuelles incursions de corsaires. Le fossé, côté est, se trouve toujours partiellement visible. La partie voûtée sert d’entrepôt, d’abord pour abriter le matériel du chantier de construction du port Lympia, commencé en 1749, puis par les entrepreneurs de la cale de carénage, aménagée à proximité. Le môle s’appuie alors du côté nord sur un massif rocheux appelé Santa-Recuperata, du nom d’une chapelle construite à cet endroit. Il sera prolongé entre mai 1771 et août 1776 (cette partie sera ensuite détruite en deux temps, en 1883 et en 1909). L’agrandissement comprend des arcades qui servent de cuisines aux marins (il était interdit de faire du feu à bord des bateaux). À son extrémité, une fontaine monumentale permet de ravitailler les navires en eau. Elle est alimentée au moyen d’un aqueduc qui passe sur le flanc est du bagne, dans le fossé.
L’utilisation du bâtiment en tant que bagne n’apparaît pour la première fois qu’en 1802, pendant la période où le comté de Nice est occupé par la France (au XVIIIe siècle, les galériens affectés aux travaux du port étaient détenus dans des baraquements situés sur le côté ouest du port, à côté d’une ancienne église aujourd’hui disparue). Un mur délimitant une cour de promenade pour les forçats est alors construit (actuel espace pavé), fermé en partie haute par une grille pour empêcher les forçats de le franchir.
Les pavillons de l’Horloge et du Bagne, construits en 1826 et en 1837
En 1815, le comté de Nice revient au royaume de Sardaigne. La nouvelle administration va conserver l’usage du bâtiment comme bagne (en tant qu’annexe de celui de Villefranche) tout en le modernisant et en l’agrandissant. Deux bâtiments sont construits à chaque extrémité de la plate-forme que constitue le rez-de-chaussée afin d’accueillir l’administration et les logements du personnel du bagne. En 1826, c’est le « pavillon de l’Horloge », au nord, où se trouve le logement du lieutenant du port. Un escalier intérieur est aménagé, permettant de communiquer avec le rez-de-chaussée. Les horloges servent à régler la vie du bagne. Curieusement, elles ne comportent qu’une seule aiguille alors que ce type de mécanisme n’est plus fabriqué depuis 1780.
En 1837, c’est au tour du « pavillon du bagne », au sud, d’être construit, pour y loger l’adjudant commandant le bagne et les garde-chiourmes (ce pavillon sera malheureusement détruit en janvier 1938). En 1835, des travaux sont aussi réalisés à l’intérieur du rez-de-chaussée avec un dallage des allées et l’aménagement de bat-flanc en pierres de taille (appelés tollards), recouverts de carreaux de terre cuite et de planches (une des encoches permettant de les introduire est toujours visible dans la petite salle). Deux grandes chambrées accueillent les forçats qui dorment le pied enchaîné au ramas (tiges coulissantes dont certains anneaux sont visibles dans la chambrée sud) . Les fermetures extérieures sont renforcées : portes à serrures extérieures et à gonds inversés pour empêcher leur dégondage, grilles à barreaux contrariés… Sans doute à cette époque, une chapelle est aménagée dans l’actuel local occupé par la SNSM (des fresques y étaient autrefois visibles). Sous le pavillon de l’Horloge se trouvaient trois cellules, dont un véritable cachot surnommé « La tombe », situé sous l’escalier. On y accédait par la petite porte à droite du grand escalier.
La porte donnant accès à l’actuel Yacht-club de Nice a été réalisée après 1887. Elle remplace une fontaine publique accolée au mur. Derrière se trouvait un corps de garde auquel on accédait par la porte à gauche du grand escalier.
Jusqu’en 1850, le nombre de forçats détenus à Nice est en moyenne d’une centaine d’hommes avec sans cesse de fortes variations des effectifs oscillant entre 50 et 200 individus, selon les périodes de l’année.
Les utilisations successives des bâtiments
Après 1815, le bagne est rouvert par les Sardes et reste utilisé jusqu’en 1850. Après sa fermeture, les différents bâtiments et les cours attenantes sont loués à des entrepreneurs du port.
En 1860, l’administration de la Marine prend possession du bagne. En février 1862, elle le remet aux Domaines à l’exception du pavillon sud, qu’elle conserve. En octobre de la même année, le bagne devient « maison de correction », pour des peines inférieures à un an, et le restera jusqu’au 13 août 1887, date du transfert des prisonniers aux Nouvelles prisons de Nice, place d’Armes
En octobre 1887, le bagne est remis partiellement au service du Génie, puis totalement en 1899, passe au service de l’Artillerie le 3 décembre 1924 pour revenir aux Domaines en 1930 avec affectation aux services maritimes des Ponts-et-Chaussées en 1935. Le bâtiment garde de cette période le nom de caserne Lympia mais les Niçois continueront longtemps à l’appeler « lou barri lonc », c’est-à-dire « le grand mur ». En septembre 1943, l’inscription de ses façades et de sa toiture à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques permet de le sauver d’une probable destruction.
En 2009 puis 2012, les différentes parties du bâtiment sont acquises par le conseil général des Alpes-Maritimes puis soigneusement restaurées pour réaliser un espace culturel départemental, la Galerie Lympia, ouvert depuis le 4 février 2017.
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La Galerie Lympia, ancien bagne du port de Nice