Les XVIIe et XVIIIe siècles

Après une période calme, de part et d’autre du Var de 1602 à 1675, Nice entre dans la tourmente de deux longues guerres opposant la France à la Savoie de 1688 à 1713. Le XVIIIe siècle est un siècle de paix, malgré la guerre de succession d'Autriche, qui se traduit par d'importantes transformations de la ville de Nice.

Publié le

Une période calme, de part et d’autre du Var (sauf deux courtes interruptions pendant les années 30), pendant laquelle d’importantes transformations ont lieu dans le comté de Nice.

Les réformes à Nice

  • 1605 - Création d’un collège secondaire confié aux jésuites. Le collège prospèrera jusqu’à l’abolition de la compagnie de Jésus en 1773.
  • 1612 - Institution d’un port franc à Nice-Villefranche
    • Le port de Nice-Villefranche reçoit de nombreux privilèges (confirmés et augmentés à de nombreuses reprises). Les marchandises importées pour être consommées dans le comté ainsi que les produits du sol et les produits manufacturés du comté exportés sont exemptés de droits (sauf le bois). Les individus (à l’exception de deux, coupables du crime de lèse-majesté) bénéficient du droit d’asile.
  • 1616 - Création du consulat de la mer qui a une triple fonction :
    • Tribunal, il juge les litiges relatifs au port franc,
    • Chambre de commerce, il veille à l’organisation du commerce local,
    • Organisme douanier, il perçoit le droit de Villefranche qui est un impôt de 2 % pesant sur toutes les marchandises qui passent le long des côtes.
  • 1614 - Installation du sénat de Nice, cour souveraine qui possède :
    • Des attributions judiciaires : elle connaît en première instance les causes jugées importantes et juge les appels des tribunaux inférieurs (qui étaient faits jusque là à Chambéry ou à Turin) ;
    • Des attributions politiques et administratives (à l’image des Parlements français) ;
    • Nice devient une cité de juristes et de gens de loi. En 1639, le collège des docteurs, créé en 1559, est transformé en une université de droit qui est dotée des mêmes privilèges que celle de Turin.

1621 - La fin des comtes de Beuil

  • Le comte Annibal Grimaldi, gouverneur de la cité de Nice, trahit le duc de Savoie en recherchant la protection du roi d’Espagne puis celle de Louis XIII. Condamné à mort le 2 janvier 1621, il est exécuté le 9 janvier. Ses forteresses sont rasées et ses terres sont distribuées à une nouvelle noblesse niçoise, fidèle au duc de Savoie (qui multiplie la création de titres nobiliaires).
  • Avec la disparition de l’encombrante famille féodale des Grimaldi de Beuil, l’autorité du duc de Savoie est encore affermie dans le comté.

Les années 1630 : Nice et Cannes dans les conflits européens

  • 1629-1631 - Conflit entre la France et la Savoie au sujet de la succession du duché de Montferrat, dans le Piémont. Les Français, qui occupent la Savoie, envahissent la campagne niçoise, de mars à mai 1629. La paix est signée en 1631 : les Espagnols, venus au secours de la Savoie, restent à Nice et à Villefranche pendant 12 ans.
  • En 1635 (au moment où la France intervient dans la guerre de 30 ans). La flotte espagnole (3 000 hommes) attaque les garnisons de Sainte-Marguerite et Saint-Honorat (quelques centaines d’hommes) qui se rendent. Les îles de Lérins constituent un point stratégique pour les Espagnols : escale maritime entre l’Espagne et l’Italie et base pour intercepter le commerce français en Méditerranée.
  • De mars à mai 1637, les Français attaquent les Espagnols et, après deux mois de lutte, les chassent des îles de Lérins.

1641

Honoré II (premier seigneur de Monaco à porter le titre de prince), entre dans l’alliance française. Par le traité de Péronne, il substitue le protectorat de la France à celui de l’Espagne jugé trop pesant.

L’art baroque (XVIIe - XVIIIe)

  •  Richesse de l’art baroque religieux dans le comté de Nice :
    • A Nice
      la construction de nombreuses églises aux XVIe et XVIIe siècles, s’explique par la multiplication des ordres religieux et le dynamisme des confréries de pénitents, qui construisent chacune une chapelle.
    • L’art baroque est à la fois :
      • Un art théâtral : somptuosité du décor intérieur, qui est un défi au dépouillement huguenot ; goût de la coupole,
      • Un art de combat (expression de la contre-réforme) : les églises à nef unique, sans transept, sont favorables à la prédication.
    • Eglises à nef unique à Nice :
      • Eglise Saint-Jacques (du Gésu), construite par les jésuites de 1605 à 1640
      • Eglise Saint-Martin-Saint-Augustin, fin du XVIIe siècle.
    • Eglises à plan basilical à trois nefs :
      • Nice - cathédrale Sainte-Réparate, rebâtie à partir de 1650, consacrée en 1699,
      • Menton - église Saint-Michel (1619-1675), Sospel - église Saint-Michel (1641).
  • Richesse de l’art baroque civil.Nice - palais Lascaris, à partir de 1650 (deuxième étage noble : balcon de marbre).

Nice dans la tourmente de deux longues guerres qui, de 1688 à 1713, opposent la France à la Savoie, est alliée à de nombreux autres états. Victor-Amédée II (1675-1730) a mené une politique anti-française qui lui a valu de bons résultats : en 1713 il obtient la Sicile qu’il échange en 1720 contre le royaume de Sardaigne.

Louis XIV renforce les défenses d’Antibes

  • D’imposantes murailles (qui ne seront détruites qu’à la fin du XIXe siècle), renforcées de bastions, sont construites autour de l’agglomération. Les ouvrages ont été réalisés par l’ingénieur Niquet dans le cadre d’un programme de fortification des villes provençales proposé par Vauban au roi de France.
  • Le bastion Saint André, seul survivant de ces ouvrages (et qui abrite aujourd’hui le musée archéologique) a été achevé en 1700.

De 1691 à 1696, les Français maîtres du comté de Nice

  • Mars-avril 1691 : Le siège de Nice (dont une relation a été établie par Gioffredo). Le 12 mars, les Français, commandés par Catinat, franchissent le Var, puis ils s’emparent des citadelles de Villefranche, du Mont-Alban, de Saint-Hospice. Le 26 mars, la ville de Nice se rend sans combattre, à la suite de la sommation de Catinat, de “se soumettre à Sa Majesté très chrétienne et que, dans le cas contraire, il serait procédé à l’extermination de la ville par le fer et par le feu”. Le château résiste : le 30 mars, il est soumis à un “épouvantable bombardement” ; le donjon, qui abritait le magasin à poudre, saute. Le 5 avril, le château capitule, ses fortifications complètement ruinées. La chute de la forteresse est un événement considérable qui étonna beaucoup dans toute l’Europe car depuis le siège de 1543 elle était jugée imprenable.
  • Avril-juillet 1691 : Conquête du comté de Nice. Sospel se rend et la forteresse de Saorge capitule en juillet. Le comté est désormais entièrement occupé par les Français.
  • En janvier 1693 : Vauban inspecte les ouvrages fortifiés du comté. Il dessine de nombreux plans et rédige divers projets à leur sujet ; dans une lettre à Louis XIV, il fait une intéressante description de Nice.
  • 24 août 1696 : Louis XIV, par le traité de Turin (paix séparée entre la France et la Savoie qui abandonne la coalition de la Ligue d’Augsbourg), rend toutes ses conquêtes à Victor-Amédée II qui, la paix revenue, fait réparer le château de Nice.

De 1705 à 1713, Nice à nouveau dans la guerre

  • Mars 1705-janvier 1706 : Les Français s’emparent de Nice. Le 3 mars, ils franchissent le Var et assiègent Nice. Début avril, la ville de Nice (ainsi que les ports de Villefranche, de Saint-Hospice et du Mont Alban) capitule. Pendant tout le mois de décembre, le château subit un intense bombardement (60 000 boulets, 8 000 bombes) et capitule le 6 janvier 1706, trois brèches ayant été ouvertes dans les murs de la citadelle.
  • 1706 (18 février, 31 juillet) : Louis XIV (malgré l’avis contraire de Vauban) fait raser l’ensemble du château et des fortifications qui entourent la ville basse, ainsi que les forteresses de Saint-Hospice et de la Turbie (autour du Trophée d’Auguste). Le fort du Mont Alban et la citadelle de Villefranche sont épargnés pour défendre la rade contre la flotte anglaise.
  • Le comté de Nice est occupé jusqu’à Sospel, mais la vallée de la Roya, défendue victorieusement par le fort de Saorge, demeure savoyarde.
  • Juillet-août 1707 : La Provence est envahie par les Savoyards. Le duc Victor-Amédée II, à la tête des troupes savoyardes et autrichiennes, lance une contre-offensive, entre à Nice (désormais indéfendable) et traverse le Var ; Antibes est bombardée mais résiste, à l’abri de ses murailles. La campagne antiboise subit des pertes considérables (Biot est pillée et incendiée ; 100 personnes sont massacrées dans l’église de Vallauris). Arrêté devant Toulon, Victor-Amédée II bat en retraite et le comté de Nice est de nouveau occupé par les Français jusqu’à Sospel.
  • L’hiver 1708-1709 est très rigoureux : Le gouverneur français de Nice ordonne des distributions journalières de pain aux habitants.
  • En 1713 : Le traité d’Utrecht rend à la Savoie les territoires occupés dans le comté de Nice, mais donne à la France la viguerie de Barcelonnette.

Un siècle de paix malgré la guerre de succession d’Autriche (France et Espagne contre Autriche et Savoie), qui se traduit par d’importantes transformations de la ville de Nice.

1744-1748 - La guerre de succession d’Autriche

  • Avril 1744 - les Gallispans envahissent le comté de Nice.
    • Le terme de Gallispans désigne les troupes franco-espagnoles.
    • Le 2 avril, les armées traversent le Var et occupent Nice sans combattre, mais la région de Villefranche ne tombe qu’au prix de durs combats.
    • Presque tout le comté est occupé (la forteresse de Saorge reste inviolée).
  • Octobre-novembre 1746 - Contre-offensive austro-piémontaise.
    • Les Français sont chassés du comté ; les Savoyards occupent la Provence.
    • Grasse, Cannes, les îles de Lérins sont occupées quelques mois.
    • Antibes, défendue par le commandant de Sade, résiste à l’abri de ses murailles à un siège qui dure un an.
  •  Juin 1747 - Les Gallispans réoccupent le comté (Saorge résiste).
  • Février 1749 - Le traité d’Aix-la-Chapelle rend le comté de Nice à la Savoie.

La famille princière de Monaco

  • En 1731, avec Antoine I, s’éteint la lignée mâle des Grimaldi. La fille d’Antoine I, Louise Hippolyte, qui a épousé en 1715 le comte de Goyon Matignon, transmet à son mari le nom de Grimaldi.
  • La seconde famille Grimaldi règne à Monaco de 1731 à 1949.

Les réformes dans le comté de Nice

  • 1729
    • La réforme scolaire décidée par Victor-Amédée II constitue une tentative de mainmise de l’état sur l’enseignement en avance sur l’époque.
    • Le collège des Jésuites de Nice (240 élèves) est fermé. Des écoles royales sont créées à Nice et à Sospel : les professeurs, nommés par l’Etat, y enseignent suivant les instructions reçues de Turin. Le programme religieux est important. La langue italienne remplace le latin.
    • Une école de médecine est ouverte à Nice.
  • 1775
    • La réforme municipale aligne les institutions municipales du comté de Nice sur celles du Piémont ; elles sont soumises à une stricte tutelle.
    • A Nice, le gouverneur et lieutenant-général de la ville et du comté, assisté d’un conseil d’état qui groupe les principaux fonctionnaires, dirige l’administration civile et militaire.
    • Les questions économiques et financières (impôts, gabelle du sel, domaine royal, tutelle des communautés) relèvent de l’intendant général du comté.

Le nouveau port de Nice et la route Nice-Turin

  • Le creusement du bassin Lympia à Nice (à partir de 1749).
    • Charles-Emmanuel III, souhaitant que Nice concurrence le port de Gênes, décide de doter la ville d’un véritable port : le bassin est creusé dans le couloir naturel qui sépare la colline du château et le Mont Boron, rempli d’alluvions apportées par le Paillon qui s’y déversait jadis.
    • Pour relier la ville au port, construction du chemin de Rauba-Capeu.
  • 1780-1788
    Amélioration de la route Nice-Turin qui est rendue carrossable (ce qu’avait refusé de faire Charles-Emmanuel I par crainte de favoriser la pénétration des armées françaises dans le Piémont), afin de stimuler l’activité portuaire de Nice. Une inscription de 1784, gravée dans les gorges de Saorge, signale que Victor-Amédée III a perfectionné le chemin ouvert vers 1626.

Extension et embellissement de Nice

  • 1706 marque la fin du rôle militaire de Nice qui devient une ville ouverte alors que, depuis plusieurs siècles, elle était place de guerre.
  • La ville, désormais sans rempart, sort de ses limites traditionnelles.
    • La zone marécageuse, dite Pré-aux-Oies, dans le triangle ultime du Paillon, fait l’objet en 1717 d’un plan d’urbanisme (1736 : église Saint-François de Paule).
    • En bord de mer, construction des Terrasses qui servent de promenade.
    • Aménagement de la place Victor-Amédée II (place Garibaldi).

L’évolution des frontières entre le comté de Nice et la France

  • En 1718, Le Mas est donné à la France en échange du maintien dans le comté de Nice d’Entraunes et de Saint-Martin-d’Entraunes, détachés de la viguerie de Barcelonnette devenue française au traité d’Utrecht de 1713 (le Val de Stura est resté piémontais).
  • Le traité de Turin du 24 mars 1760, rédigé de façon contractuelle (par négociations diplomatiques, sans guerre) rectifie les anomalies de frontières entre la France et le comté de Nice. Guillaumes, cédée par la France au comté, doit détruire ses fortifications (d’où le mécontentement de ses habitants). Roquestéron-Grasse est formée par la partie de Roquesteron située au sud de l’Estéron et cédée par le comté à la France.

Début XVIIème siècle, une cellule sociale est essentielle, celle de Nice et ses alentours. Cette dernière est très active dans le domaine agricole, tandis que dans l’arrière pays on peine à vivre. De 1790 à 1793, on assiste à de nets changements : la formation de plusieurs cantons, la rentrée en guerre de la France avec un comté de Nice envahi, la création du premier département des Alpes-Maritimes divisé en 3 cantons. Enfin, en 1799, les Français reprennent le contrôle du département, c’est l’arrivée de Bonaparte à Nice et les signatures du Traité de Paris. La Sardaigne capitule.

La région Grassoise et comté de Nice à la fin du XVIIIe siècle

La région grassoise

  • L’administration de la Provence orientale
    • La circonscription administrative de base est la viguerie ; les vigueries sont regroupées en sénéchaussées (circonscriptions judiciaires).
    • A l’est de la Provence, trois sénéchaussées : Grasse, Castellane et Draguignan.
    • La sénéchaussée de Grasse comprend les deux vigueries de Saint-Paul et Grasse ; Vence fait partie de la viguerie de Grasse.
  • La région grassoise oppose deux pays au nord et au sud des baous (ligne de hauteurs).
    • Au nord, le haut pays, isolé : 15 communautés rassemblent 5 000 habitants.
    • Au sud, le bas pays (40 000 habitants) qui offre une impression trompeuse de richesse ; oliviers, vignes, arbres fruitiers.
    • Selon une très ancienne tradition, les habitants du village de Saint-Laurent (312 h) doivent aider les voyageurs à franchir le Var.

Le comté de Nice

  • La communauté d’habitants est la cellule sociale fondamentale
    • 86 communautés, solidement organisées, présentent une très grande vitalité ; possédant des terrains communaux étendus, elles jouent un grand rôle dans la vie agro-pastorale. A Nice, l’intendant-général du comté, qui dispose de larges pouvoirs, exerce une stricte tutelle sur les communautés.
    • Dans l’arrière-pays, les communautés, difficilement reliées à Nice en raison de l’extrême médiocrité du réseau routier, vivent isolées, repliées sur elles-mêmes. Leur forte cohésion leur permet de se maintenir dans un pays rude où la nourriture est le premier des soucis quotidiens. (Phénomène caractéristique du XVIIIème, l’émigration saisonnière, l’hiver, des habitants les plus pauvres, surtout dans l’ouest).
  • A Nice, début du tourisme.
    • Des étrangers, Anglais et Français, viennent passer l’hiver à Nice : 300 Anglais en 1784-1785 ; beaucoup séjournent dans le nouveau quartier de la Croix de Marbre.
  • Sospel, sur la route de Nice à Turin, deuxième ville du comté. Elle possède au XVIIIème, une société littéraire de 140 membres (la seule qui existe dans le comté).

La population

Sources :
  • Provence : recensement de 1765 publié dans le dictionnaire de l’abbé d’Expilly.
  • Comté de Nice : enquête de l’intendant Joanini de 1755.
Dans le comté de Nice
  • Nice : 16 500 habitants (15 500 nés dans la ville, 600 nés dans le comté)
  • Sospel : 4 100
  • Villefranche (y compris Beaulieu et Saint-Jean-Cap-Ferrat) : 3 500
  • St-Etienne-de-Tinée : 2 300
  • La Brigue : 2 100
  • Saorge : 1 900
  • Breil : 1 400
  • Utelle : 1 350
  • St-Martin-Vésubie : 1 300
  • Roquebillière : 1 300
  • La Tour : 1 300
  • Puget-Théniers : 1 250
  • Tende : 1 200
  • Aspremont : 1 000
  • Contes : 1 000
  • L’Escarène : 1 000
  • Isola : 1 000
  • Levens : 1 000
  • Valdeblore : 900
  • Belvédère : 850
  • Peille : 800
  • Beuil : 750
  • Clans : 750
  • St-Dalmas-le-Selvage : 700
  • Tourrette-Levens : 700
  • Châteauneuf : 700
  • Villars : 650
  • Eze : 600
  • Lucéram : 600
  • Péone : 600
  • La Turbie : 600

En Provence orientale

  • Grasse : 9 500 (11 500 en 1790)
  • Cannes : 3 550
  • Antibes : 3 450
  • Vence : 2 100
  • Cabris : 1 400
  • Vallauris : 1 300
  • Cagnes : 1 300
  • Bar-sur-Loup : 1 200
  • Tourrettes-sur-Loup : 1 175
  • Mougins : 1 050
  • Saint-Cézaire : 1 000
  • Saint-Jeannet : 800
  • Le Broc : 800
  • Biot : 800
  • Valbonne : 775.

Dans la principauté de Monaco

Pas de statistique avant le XIXème.

On peut estimer la population :

  • Monaco : 1 000 habitants.
  • Roquebrune : 800 habitants.
  • Menton : plus de 3 000 habitants.

Les diocèses

  • Grasse : siège d’un évêché depuis 1214 (Antibes, Cannes, Biot, Valbonne, Roquefort, Le Rouret, Bar-sur-Loup, Gourdon, Caussols, Saint-Vallier, Saint-Cézaire).
  • Vence : siège d’un évêché connu depuis le Vème siècle (Saint-Laurent, Cagnes, Villeneuve-Loubet, La Colle, Tourrettes-sur-Loup, Saint-Paul, La Gaude, Gattières, Carros, Le Broc, Bouyon, Gréolières, Caille, Andon).
  • Nice : rive gauche du Var inférieur et moyen, vallées de la Vésubie et de la Tinée - Monaco.
  • Vintimille : vallées de la Bévéra et de la Roya - Menton et Roquebrune.
  • Le diocèse de Glandeves (Entrevaux) qui couvre les vallées du haut Var et de l’Estéron, est à cheval sur la France (Aiglun, Conségudes) et le comté de Nice (Guillaumes, Puget-Théniers).

La région Grassoise en 1789 et 1790

1789 - La région grassoise prépare la réunion des Etats-Généraux

  • C’est à Draguignan que les électeurs des trois sénéchaussées de Castellane, Grasse et Draguignan doivent se réunir pour désigner les députés aux Etats-Généraux (4 pour le tiers-état, 2 pour la noblesse, 2 pour le clergé).
  • Au sein du tiers-état, l’élection se fait à trois degrés :
    • Chaque communauté désigne d’abord ses délégués,
    • Puis ceux-ci se réunissent au chef-lieu de leur sénéchaussée pour choisir les électeurs qui se rendront à Draguignan afin d’élire les députés.
  • Les membres des deux ordres privilégiés (clergé et noblesse), convoqués au chef-lieu de la sénéchaussée, désignent eux-mêmes les électeurs pour Draguignan.
  • Le 22 mars, la communauté de Cannes élit les quatre délégués du tiers-état.
  • Le 26 mars à Grasse, les trois ordres de la sénéchaussée désignent les électeurs (les membres du clergé et de la noblesse votent directement ; pour le tiers-état ce sont les délégués des communautés qui votent).
  • Parmi les députés élus à Draguignan, deux frères Mougins de Roquefort. L’un, maire de Grasse (élu par le tiers-état), l’autre, curé de Grasse (élu par le clergé).
  • Parallèlement aux opérations de vote, les cahiers de doléances sont rédigés dans chaque paroisse. Ils sont rassemblés à Grasse le 25 avril et envoyés à Versailles.

1790 - La région grassoise fait partie du département du Var

En janvier 1790, la Constituante, qui supprime toutes les divisions administratives de l’Ancien Régime, divise la France en 83 départements, partagés en districts, cantons et communes.
La région grassoise fait partie du département du Var, qui est formé du sud-est de la Provence. Le chef-lieu de département est Toulon (de 1790 à 1793), Grasse (de 1793 à 1795), Brignoles (de 1795 à 1797), Draguignan (à partir de 1798).
Le département du Var forme un seul diocèse ; l’évêque réside à Fréjus.

Le district de Grasse est formé de 11 cantons :

  • Antibes,
  • Biot,
  • Cannes,
  • Mougins,
  • Grasse,
  • Châteauneuf,
  • Bar-sur-Loup,
  • Saint-Vallier,
  • Seranon,
  • les Mujouls,
  • Conségudes.

Le district de Saint-Paul est formé de 4 cantons :

  • Cagnes,
  • Saint-Paul,
  • Tourrettes-sur-Loup,
  • Le Broc,
  • Coursegoules.

1792 : La France envahit le comté de Nice

1789-1792 : l’émigration française dans le comté

  • Les premiers émigrés (nobles et prêtres provençaux) arrivent dès l’été 1789. En septembre 1792, leur nombre est estimé à 2 000 (dont 400 prêtres réfractaires).

Avril 1792 : la France entre en guerre

  • Le 20 avril, la guerre est déclarée entre la France et l’Autriche (puis la Prusse) ; le 28 juin, le roi de Piémont-Sardaigne s’allie à l’Autriche.
  • Dès le mois d’avril, une division française (7 000 hommes) s’était installée à Antibes sous les ordres du général d’Anselme. Parallèlement, les effectifs sardes étaient augmentés à Nice (10 000 h).

Septembre 1792

  • Au début du mois, les troupes françaises s’installent à Saint-Laurent.
    Parmi les officiers sous les ordres du général d’Anselme, se trouve Masséna. Celui-ci est un niçois. Né à Nice en 1758 d’une famille originaire de Levens, il quitte ses parents à 17 ans et consacrera sa vie au service de la France. Entré dans le régiment Royal-Italien à Toulon, il quitte l’armée, ne pouvant devenir officier (puisqu’il est roturier) et se retire à Antibes où il ouvre un commerce d’huile d’olive et de fruits secs. Il s’engage à nouveau en 1789, devient capitaine-instructeur de la garde nationale d’Antibes et, en 1792, chef d’un bataillon de volontaires du Var.
  • 20 septembre : victoire de Valmy
  • 22 septembre : proclamation de la république.
  • 27 septembre : une flotte française croise devant Nice, obligeant les autorités à libérer le consul de France, gardé à vue dans sa demeure.
  • 28 septembre : les troupes sardes évacuent brusquement Nice (où l’on vient d’apprendre la nouvelle de l’entrée des Français à Chambéry, le 22) et se replient sur Saorge et le massif de l’Authion. Aux troupes en retraite se mêlent nobles, fonctionnaires et émigrés.
  • 29 septembre : 16 heures. Les troupes françaises (qui stationnaient à Saint-Laurent) pénètrent dans Nice. L’évêque Valperga, inquiet du pillage qui commence dans la ville après le départ des autorités niçoises et des troupes sardes, va au-devant des Français pour demander à d’Anselme d’occuper Nice d’urgence et d’y rétablir l’ordre. Mais il reçoit le soir même l’ordre de quitter la ville ; lors de son départ, il manque d’être assassiné par des soldats marseillais.
  • L’armée française d’invasion installe le premier pont sur le Var. C’est une simple passerelle de bois sans cesse endommagée par les crues du fleuve, mais qui sera le seul lien entre Nice et la France jusqu’en 1864.

1793 : Création du premier département des Alpes-Maritimes

Le comté de Nice est annexé à la France

  • A Nice, une société populaire, mise en place et contrôlée par le représentant en mission Barras, encadre la population. A Paris, la Convention demande aux habitants du comté de se prononcer sur leur avenir.
  • En décembre 1792, la plupart des communautés contrôlées par les Français votent par plébiscite leur réunion à la France (Puget-Théniers souhaite former “une république particulière sous la protection de la République Française”).
  • Le 31 janvier 1793, la Convention “accepte le vœu librement exprimé par le peuple souverain du comté” et déclare qu’il fait partie intégrante de la République Française ».
  • Le 4 février, la Convention décrète que le comté de Nice formera le département des Alpes-Maritimes.
  • Le 1er mars, deux représentants en mission, l’abbé Grégoire et le juge Jagot, arrivent à Nice où ils resteront jusqu’au 9 mai pour organiser le nouveau département.
  • Le 17 avril, les Alpes-Maritimes élisent trois députés à la Convention : Joseph Dabray (avocat fiscal né à Nice en 1754), Jean-Dominique Blanqui (né à La Trinité en 1757, il enseigne la philosophie et l’astronomie au collège royal de Nice), Ruffin Massa (de Menton).
  • Nice devient le chef-lieu des Alpes-Maritimes

Le département est divisé en 3 districts et 20 cantons.

  • Au centre, le district de Nice :
    • 8 cantons : Nice, Aspremont, Contes, L’Escarène, Levens, Utelle, Roquebillière, la Bolline de Valdeblore.
  • A l’ouest, le district de Puget-Théniers :
    • 7 cantons : Puget-Théniers, Roquestéron, Gilette, Villars, Beuil, Guillaumes, Saint-Etienne.
  • A l’est, le district de Menton :
    • 5 cantons : Menton, Monaco, Sospel, La Brigue, Perinaldo.

Le département forme un seul diocèse.

Les Alpes-Maritimes de 1793 à 1799

Les Français se rendent maîtres de l’ensemble du département

  • Une partie du nouveau département des Alpes-Maritimes n’est pas contrôlée par les Français. En octobre 1792, ceux-ci ont atteint L’Escarène, Sospel, Breil, Lantosque, Gilette, Puget-Théniers. Mais la résistance austro-sarde s’organise : les hautes vallées de la Tinée, de la Vésubie, de la Roya restent aux mains des Sardes. Pendant 18 mois, le général niçois Thaon de Revel impose aux Français une rude guerre de montagne.
  • En juin 1793, le général français Brunet (nommé en décembre 1792 en remplacement de d’Anselme) est battu dans l’Authion et perd quelques localités. C’est alors que les chefs-lieux de district sont repliés de Menton à Monaco (devenue Fort-Hercule) et de Puget-Théniers à Roquesteron jusqu’en août 1794.
  • En octobre 1793, les Français résistent victorieusement à Gilette et en novembre ils dégagent Utelle.
  • En avril 1794, Masséna (jeune général de division) est à la tête d’une offensive victorieuse. Le 28 avril, Saorge capitule ; le 7 mai, Tende est occupée. Le comté de Nice est entièrement entre les mains des Français ; mais une résistance intérieure (les barbets) dure quelques années.

La vie du département des Alpes-Maritimes

  • 27 janvier 1794 - Un décret précise que l’enseignement doit être donné en français.
  • La guillotine, installée à Nice le 21 janvier 1794, est enlevée le 23 novembre sans avoir eu à fonctionner.
  • La politique de déchristianisation est menée avec modération. La cathédrale de Nice désaffectée en juillet 1794 est rouverte au culte catholique le 1er avril 1795. A Sospel, le culte continue d’être célébré.
  • Les districts sont supprimés (comme dans toute la France) en 1795.

Bonaparte à Nice

  • 20 décembre 1793. Le général Bonaparte (qui venait de reprendre Toulon aux Anglais) est chargé d’une mission d’inspection des côtes de Marseille à Nice. Il s’installe à Nice en février 1794 (au n° 6 de la rue Bonaparte) jusqu’en août.
  • Nommé le 2 mars 1796 général en chef de l’armée d’Italie, il arrive à Nice le 26 mars. Il réside au n° 2 de la rue Saint-François-de-Paule.

Au début d’avril, l’armée française part pour l’Italie (première campagne d’Italie, 1796-1797).

Le traité de Paris (15 mai 1796)

  • Le 18 avril 1796, le roi de Sardaigne capitule à Cherasco (province de Cunéo).
  • Signant la paix avec la France, il renonce au comté de Nice et accepte comme frontière entre la France et le Piémont, la ligne de crête des Alpes.

Le Consulat et l'Empire (1799-1814)

L’année 1800 - La deuxième campagne d’Italie

  • En 1799 (seconde coalition), la France perd les territoires qu’elle avait gagnés en Italie en 1796-1797. Bonaparte, devenu premier consul (coup d’état du 18 brumaire, novembre 1799) est obligé de repartir à la conquête de l’Italie du nord.
  • Au printemps 1800, pendant le siège de Marengo (qui capitule le 14 juin), les troupes autrichiennes réoccupent Nice (12 mai) et une partie de l’ancien comté. Le fort du Mont Alban continue de résister et émet des signaux de télégraphe optique. Très vite, les Français reprennent l’offensive et, le 3 juin, les Alpes-Maritimes sont entièrement libérées.

1800 - La réorganisation des départements

  • Bonaparte, qui mène une politique centralisatrice, installe les préfets à la tête des départements, qu’il divise en arrondissements.
  • Dans le département du Var, le nouvel arrondissement de Grasse recouvre les deux anciens districts de Grasse et Saint-Paul.

L’évolution du département des Alpes-Maritimes

  • Février 1800 - Le département est divisé en trois arrondissements : Nice, Puget-Théniers et Monaco.
  • Le premier préfet est Flourens qui arrive à Nice le 31 mai 1800, dès que la ville est reprise aux Autrichiens. Il reste peu de temps, remplacé par le comte Châteauneuf-Randon.
  • Mai 1805 - La France annexe la République Ligurienne (Gênes). La partie la plus occidentale du territoire de la république, jusqu’à la rive droite du Taggia, rejoint le département des Alpes-Maritimes qui comprend trois arrondissements :
    • L’arrondissement de Puget-Théniers
  • 7 cantons : Saint-Etienne-de-Tinée, Guillaumes, Beuil, Puget-Théniers, Villars, Roquestéron, Gilette
  • 18 000 habitants.
    • L’arrondissement de Nice
  • 13 cantons : Nice-Est, Nice-Ouest, Villefranche, Monaco, Menton, Aspremont, L’Escarène, Sospel, Utelle, Roquebillière, Saint-Sauveur, Saorge, La Brigue
  • 65 000 habitants.
    • L’arrondissement de San-Remo
  • 7 cantons, dont Vintimille (18)
  • 45 000 habitants.

1801 - La signature du Concordat

  • Monseigneur Valperga, qui depuis 1792 vit en exil à Gênes, continue en fait à diriger son diocèse. Après l’accord conclu entre le Pape et le premier consul, il doit renoncer à son poste. Le nouvel évêque de Nice est Monseigneur Colonna d’Istria.
  • Le Pape Pie VII passe deux fois à Nice sous l’empire : en 1809, en se rendant en résidence surveillée à Savoine ; en 1814, de retour de Fontainebleau.

Un grand préfet, le vicomte Dubouchage, baron d’empire (mai 1803-avril 1814).

  • Ouverture du lycée impérial en 1812.
  • Création de la route de la “Grande Corniche” destinée à relier Nice à Gênes. Les travaux sont commencés en 1805 ; en 1814 la chaussée atteint San-Remo.

L’année 1814

  • 6 avril - Abdication de Napoléon Ier.
  • 15 avril – Dubouchage, qui vient d’apprendre l’abdication de l’empereur, manifeste son loyalisme à l’égard des Bourbons, espérant que l’ancien comté de Nice pourra rester français.
  • 23 avril - Talleyrand, ministre des affaires étrangères, et le comte d’Artois, frère de Louis XVIII et lieutenant-général du royaume, signent avec la Russie et l’Autriche une convention qui garantit la France dans le maintien de ses frontières “d’avant le 1er janvier 1792”. Cette convention, signée rapidement (“une erreur” dira plus tard Talleyrand), signifie donc que la France abandonne le département des Alpes-Maritimes. Les troupes autrichiennes pénètrent dans la région niçoise “au nom du roi légitime” Victor-Emmanuel I.
  • 26 avril - La République de Gênes (qui avait été annexée par la France) est restaurée, après la capitulation de la garnison française. L’arrondissement de San-Remo lui est rattaché.
  • 6 mai - Le conseil municipal de Nice se rallie à la monarchie sarde. Quelques jours plus tard, de violents incidents opposent à Nice des soldats français à des soldats autrichiens et russes. Le gouverneur français de Nice, le général Eberlé, rétablit l’ordre puis fait évacuer les troupes françaises du département. Il se retire à Antibes près du général Masséna qui commande la 8e division militaire.
  • 18 mai - Dubouchage quitte Nice (où le roi du Piémont avait déjà nommé un intendant général, J.-François Fighiera). Il fait l’objet d’une manifestation de sympathie.