Les XVe et XVIe siècles

Le XVe siècle marque pour la région niçoise une période d’éveil de la vie artistique, liée à l’épanouissement des confréries et à l’essor du sentiment religieux

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XIe - Naissance du comté de Savoie :

  • Les domaines d’Humbert I s’étendent au sud du lac Léman.
  • A la fin du siècle, la Savoie acquiert le marquisat de Turin.

XIIIe :

  • 1232 - Chambéry devient la capitale du comté.
  • 1238 - Le duché d’Aoste rejoint la Savoie.
  • La Savoie contrôle l’importante route du Mont-Cenis (France-Italie).
  • Butant vers l’ouest sur l’obstacle français (1349 - la France annexe le Dauphiné), la Savoie oriente sa politique vers le sud et vers l’est.

XIVe :

  • 1388 - Amédée VII, le Comte Rouge, acquiert le comté de Nice.

XVe :

  • 1401 - Annecy est cédée à la Savoie.
  • 1416 - Le comté de Savoie est érigé en duché (premier duc : Amédée VIII).
  • 1419 - La Savoie annexe l’ensemble du Piémont.
  • La Savoie perd progressivement les territoires qu’elle possédait en Suisse.

XVIe :

  • 1562 - Turin devient la capitale de l’état savoyard.
  • 1581 - La Savoie annexe le comté de Tende.

Du XVIe au XVIIIe : la Savoie participe aux grands conflits européens

  • Sous François Ier et Henri II, la France occupe l’état savoyard, sauf Nice, mais l’état est reconstitué au traité de Cateau-Cambrésis (1559).
  • En 1600, Henri IV occupe la Savoie. En 1601, un traité donne la Bresse et le Bugey à la France et le marquisat de Saluces à la Savoie.
  • Louis XIV occupe deux fois la Savoie (1690-1696 et 1703-1713).
  • En 1713, le duc Victor-Amédée II reçoit le royaume de Sicile. Il l’échange en 1720 contre la Sardaigne (royaume du Piémont-Sardaigne).

Les guerres de la Révolution et de l’Empire :

  • En septembre 1792, la Savoie et le comté de Nice sont occupés puis annexés par les Français. En 1802, le Piémont est à son tour annexé.
  • Le roi ne conserve de ses états que la Sardaigne.
  • En 1814 (premier traité de Paris), la Savoie retrouve ses frontières de 1792 (à l’exception de Chambéry et d’Annecy qui demeurent françaises).
  • En 1815 (second traité de Paris), les états sardes récupèrent Annecy et Chambéry et annexent la République de Gênes.

XIXe :

  • 1860 - Le roi de Piémont-Sardaigne, Victor-Emmanuel II, cède à la France la Savoie (berceau de sa famille) et le comté de Nice, en échange du soutien apporté par Napoléon III à la réalisation de l’unité italienne.
  • 1861 - Proclamation du royaume d’Italie (premier roi : Victor-Emmanuel II).

Les comtes de Savoie :

  • Amédée VI, le Comte Vert (1343-1383)
  • Amédée VII, le Comte Rouge (1383-1391)
  • Amédée VIII, comte (1391-1416) puis duc de Savoie (1416-1440)

Les ducs de Savoie :

  • Louis I (1440-1465)
  • Amédée IX (1465-1472)
  • Philibert I (1472-1482)
  • Charles I (1482-1490)
  • Charles II (1490-1496)
  • Philippe II (1496-1497)
  • Philibert II (1497-1504)
  • Charles III (1504-1553)
  • Emmanuel-Philibert (1553-1580)
  • Charles-Emmanuel I (1580-1630)
  • Victor-Amédée I (1630-1637)
  • François-Hyacinthe (1637-16385)
  • Charles-Emmanuel II (1638-1675)

Les rois de Sardaigne :

  • Victor-Amédée II, duc de Savoie (1675-1713), roi de Sicile (1713-1720), roi de Sardaigne (1720-1730)
  • Charles-Emmanuel III (1730-1773)
  • Victor-Amédée III (1773-1796)
  • Charles-Emmanuel IV (1796-1802)
  • Victor-Emmanuel I (1802-1821)
  • Charles-Félix (1821-1831)
  • Charles-Albert (1831-1849)

Les rois d’Italie :

  • Victor-Emmanuel II, roi de Sardaigne (1849-1861), roi d’Italie
  • Humbert I (1879-1900)
  • Victor-Emmanuel III, roi en 1900, abdique le 9 mai 1946
  • Humbert II (mai-juin 1946). Il quitte l’Italie après la proclamation de la république par référendum.

Nice est le débouché méditerranéen de la Savoie et passe au rang de capitale d’un ensemble régional. C’est une période d’une grande richesse artistique.

Les conséquences de la session du pays de Nice au comte de Savoie

  • Nice est le débouché méditerranéen de la Savoie.
    La façade maritime est très étroite : 19 km de l’embouchure du Var à la seigneurie de Monaco. Nice communique difficilement avec la Savoie : par le col de Fenestres (Haute Vésubie) et par le col de Tende (mais les chemins traversent certains territoires que le comte de Savoie ne contrôle pas directement).
  • Nice passe au rang de capitale d’un ensemble régional.
    Les régions détachées de la Provence n’avaient aucune tradition commune ; elles sont groupées maintenant sous une même administration (le gouverneur de la cité de Nice et du pays de Provence, le receveur général des finances, le juge-mage). La ville de Nice, centre administratif et pôle économique, impose son nom : en 1526, les Terres Neuves de Provence reçoivent le nom de Comté de Nice (le mot comté a un sens administratif et non féodal).

L’affermissement de l’autorité du comte de Savoie

  • Amédée VIII réprime, de 1395 à 1400, de nombreux troubles. Les seigneurs locaux favorables à la Provence s’expatrient. Le souverain de Savoie crée une nouvelle noblesse fidèle qui vit à Nice.
  • En 1419 le comte de Provence, Louis III, reconnaît à la Savoie ses droits sur Nice.
    La Provence renonce à revendiquer la région niçoise.

L’administration des Terres Neuves de Provence

  • Quatre vigueries :
    • Viguerie de Nice,
    • Viguerie du comté de Vintimille et du Val de Lantosque (chef-lieu : Sospel),
    • Viguerie de Barcelonnette (moyenne et haute vallée de l’Ubaye, Allos, le Val d’Entraunes) agrandie en 1385 du Val de Stura, sur le versant piémontais,
    • Viguerie de la Tinée dont le chef-lieu, Puget-Théniers, est isolé par les terres du baron de Beuil (celui-ci, qui rend hommage à la Savoie, possède autonomie judiciaire et administrative).
  • Dès 1406, le comte de Savoie s’installe à la Brigue et fait reconnaître sa suzeraineté par les comtes de Tende. La possession effective de Tende par la Savoie n’aura lieu qu’en 1581.
  • En 1524 le marquisat de Dolceaqua passe sous la suzeraineté du duc de Savoie.

L’évolution de la cité de Nice

Le duc de Savoie, Amédée VIII, comprenant l’intérêt stratégique de la cité de Nice, décide de faire de la colline une place-forte militaire. Les travaux de fortification commencent en 1435. Dès le début du XVIème, la ville haute a vécu : elle a fait place à une forteresse de premier ordre.
La ville de Nice se limite désormais à la ville basse, qui s’entoure de murailles fortifiées.

La région antiboise et grassoise : heures sombres et renaissance

  • Les troubles et les épidémies des XIVe et XVe siècles font de certaines paroisses des “lieux inhabités”. La Gaude, Opio, Pégomas, La Roquette, Le Rouret…
  • A la fin du XVème, des “actes d’habitation” attirent une population venant de Ligurie et du Piémont. Le repeuplement commence à La Napoule en 1461, à Saint-Laurent en 1468, à Biot en 1470, à Vallauris en 1506, à Valbonne en 1519.

1482, la Provence devient française

En 1481, le comte Charles III meurt sans héritier. Il lègue la Provence à Louis XI en le suppliant
de “respecter les privilèges et franchises du comté”.
Le 15 janvier 1482, les Etats de Provence votent le statut qui, en assurant son autonomie, unit le comté à la France. Les rois de France lutteront contre l’autonomisme provençal (le français devient la langue des actes officiels).

Les conséquences de la réunion de la Provence à la France

Le Var devient la frontière entre la France et la Savoie ; il joue un rôle militaire défensif.
Aucun pont permanent ne sera construit sur le fleuve jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. L’amélioration du système défensif d’Antibes (France) et de Nice (Savoie) sera une préoccupation constante des souverains.

Une période d’une grande richesse artistique : les primitifs niçois, peintres du XVe et du début du XVIe

  • Jean Miralhet, 1425 : la Vierge de miséricorde (Nice, chapelle des pénitents noirs).
  • Jacques Durandi, vers 1460 : retable de Saint-Jean-Baptiste (musée Masséna).
  • Jean Canavesio, 1492 : fresques de la chapelle Notre-Dame-des-Fontaines (La Brigue).
  • Louis Bréa (le plus illustre membre d’une famille d’artistes comprenant son frère Antoine et son fils François) :
    • 1475, Piéta (église du monastère de Cimiez)
    • 1499, Annonciation (église de Lieuche)
    • 1500, Polyptyque de Sainte-Marguerite (église de Lucéram)
    • 1512, Crucifixion (église du monastère de Cimiez)
    • 1515, Madone du Rosaire (cathédrale d’Antibes)
      (fresque : peinture murale - retable : panneau peint sur bois - polyptyque : tableau à plusieurs volets)

Toute la première moitié du XVIe est touchée par une succession de guerres. C’est le traité de Cateau-Cambrésis, en1559, qui met un terme aux guerres européennes de la France.

Le duc de Savoie, Emmanuel-Philibert, retrouve les pays perdus par son père : la Savoie, le Piémont, le Bugey, la Bresse. Ce retour à la paix pour la Savoie est le début d’une période de prospérité pour le comté de Nice.

Première moitié du XVIe : les guerres

  • Nice est entraînée dans le long conflit qui oppose François Ier puis Henri II à Charles-Quint (empereur de 1519 à 1556).
  • Le règne de Charles III (1504-1553) est l’un des plus malheureux de l’histoire de la Savoie : le duc perd tous ses états à l’exception de Nice.

L’année 1524 :

  • Le duc de Savoie Charles III (qui est l’oncle de François Ier et le beau-frère de Charles-Quint) reste neutre, mais il ne peut éviter le passage des gens de guerre à Nice.
  • Juillet - octobre - Les troupes de Charles-Quint envahissent la Provence.Venant de Gênes, elles passent à Nice et franchissent le Var le 10 juillet. Saint-Laurent, Villeuneuve-Loubet, Antibes, Grasse se soumettent. Après avoir assiégé Marseille en vain, elles quittent la Provence et séjournent à nouveau à Nice du 11 au 13 octobre.
  • Aussitôt après, les troupes françaises pénètrent à Nice, qu’elles pillent lamentablement. La guerre se termine par la défaite de François Ier à Pavie (1525).

L’année 1536 :

  • François Ier attaque la Savoie car il prétend avoir des droits sur l’héritage de sa mère (celle-ci, Louise de Savoie, est la fille du duc Philippe II et la sœur de Charles III). En janvier-février, il envahit la Bresse et la Savoie et s’empare de Turin. Il ne reste plus à Charles III que son “très fidèle comté de Nice” : pendant 25 ans, il défendra à tout prix la région niçoise.
  • L’armée de Charles-Quint (qui vient au secours de son beau-frère Charles III) envahit la Provence (juillet-septembre). Entrée à Nice le 21 juillet, elle traverse le Var le 26. Les Français ayant pratiqué en Provence la tactique de la terre brûlée, Charles-Quint repasse à Nice en septembre, son armée décimée par la faim.

L’année 1538 :

  • Nice est choisie pour une entrevue entre :
    • Le pape Paul III qui a offert sa médiation ; il réside dans un couvent hors de la ville,
    • François Ier, qui séjourne au château de Villeneuve-Loubet, en terre française,
    • Charles-Quint, qui demeure sur sa flotte, ancrée dans la rade de Villefranche.
  • Les deux souverains (qui n’ont pas réussi à s’entendre pour se rencontrer) signent en juin une trêve de dix ans qui sera bien éphémère.
  • La croix de marbre, rue de France à Nice, élevée en 1568, commémore le souvenir du séjour du pape et de ce “congrès avorté”.

L’année 1542 : reprise de la guerre

A l’initiative de François Ier, qui a “furieuse envie” de s’emparer du comté de Nice.
Jean-Baptiste Grimaldi, d’Ascros, au service du roi de France, porte la guerre dans le haut comté : il pille les villages de la Vésubie et de la Tinée, brûle le château d’Entraunes, obtient la soumission de Coaraze, Bonson, Gilette, Tourette-Revest.

L’année 1543 : le siège de Nice par les Français et par les Turcs

  • L’alliance entre François Ier et le sultan Soliman est importante ; le roi très chrétien s’allie avec les infidèles. Les intérêts de l’Etat l’emportent sur les idéologies.
  • François Ier prend Nice (la seule ville qui reste au duc de Savoie) comme objectif. En juin, il ordonne d’attaquer la cité qui est assiégée sur terre par les Français et sur mer par la flotte turque (3 000 galères).
  • Août. Le bombardement de Nice commence le 11. Des batteries sont installées à Cimiez, sur le Mont-Gros, et sur le Mont-Boron. Le 15 est le jour le plus dur de la bataille : c’est l’assaut terrestre de l’infanterie franco-turque (épisode légendaire de Catherine Ségurane). Le 23, la ville basse est contrainte de se rendre. Les Français, et peut-être les Turcs, y pénètrent.
  • Septembre. La garnison de la forteresse continue à résister. L’arrivée de Charles-Quint étant annoncée, les assaillants se retirent dans la nuit du 7 au 8. Le duc Charles III entre à Nice, en partie incendiée.

1544 :

Par le traité de Crépy-en-Valois, François Ier renonce à ses prétentions sur le comté de Nice.

1559 :

Le traité de Cateau-Cambrésis met un terme aux guerres européennes de la France. Le duc de Savoie, Emmanuel-Philibert, retrouve les pays perdus par son père : la Savoie, le Piémont, le Bugey, la Bresse. Ce retour à la paix pour la Savoie est le début d’une période de prospérité pour le comté de Nice.

Le traité de Cateau-Cambrésis (1559) marque le début d’une longue période de prospérité pour le comté de Nice qui durera 130 ans (jusqu’en 1691) mais l’état de paix sera menacé plusieurs fois.A la fin du siècle, la Provence, agitée par les guerres de religion, connaîtra des moments difficiles.

Le règne d’Emmanuel-Philibert (1553-1580) : la restauration de la puissance savoyarde

  • 1560 - Le duc de Savoie, Emmanuel-Philibert, épouse Marguerite, fille de François Ier ; le jeune couple vient en résidence plusieurs mois à Nice.
  • Le duc Emmanuel-Philibert assure la sécurité de Nice :
    • En renforçant les défenses du château (sur le site de l’ancienne ville haute),
    • En construisant la citadelle de Villefranche (1557) et le fort du Mont-Alban (1560),
    • En installant des forts pour assurer la sécurité encore précaire du littoral (en 1560, 500 pirates, qui ont brûlé Roquebrune, abordent à Saint-Hospice et attaquent un détachement du duc de Savoie, causant 15 morts),
    • Ce système est complété par des postes dans l’arrière-pays, dont la forteresse de Saorge, verrou fermant la vallée de la Roya et constituant un point de résistance quasi inexpugnable.
  • 1576 - Achat du port d’Oneille, principauté enclavée dans la République de Gênes, ce qui agrandit les possessions méditerranéennes de la Savoie.
  • 1579 - Le comté de Tende est rattaché au comté de Nice, ce qui favorisera le développement du commerce de Nice avec le Piémont par le col de Tende, principal passage vers Coni et Turin.
  • En 1593, le duc Charles-Emmanuel ordonne la construction d’une route carrossable de Nice à Turin par Tende. Mais, de Lucéram à Limone, il ne s’agira en fait que d’un simple chemin muletier.

Les rois de France améliorent le système défensif d’Antibes, dernière place-forte du royaume sur sa frontière sud-est. Le Fort Carré est terminé vers 1588. Ses quatre bastions entourent un élément plus ancien, achevé sous Henri II, la tour Saint-Laurent.

Les guerres de religion en Provence

  • La Réforme protestante (qui n’a pas touché le comté de Nice resté catholique) gagne la Provence : de petites communautés vivent à Antibes et à Grasse dans un calme relatif jusqu’en 1589.
  • C’est l’arrivée sur le trône de France, du huguenot Henri de Navarre (Henri IV) qui va entraîner la Provence dans le tourbillon des guerres.En novembre 1589, Grasse, qui a affirmé sa fidélité au roi légitime Henri IV, est assiégée puis occupée par les ligueurs (hostiles au roi huguenot) qui demandent une aide au duc de Savoie Charles-Emmanuel I.
  • L’année 1590 : le duc de Savoie, partant de Nice, intervient en Provence. Il occupe Antibes, Saint Paul, Grasse, Cannes et s’empare d’Aix. Le Parlement de Provence lui donne le titre de “protecteur” (le premier plan connu de Cannes a été établi alors par un architecte militaire savoyard afin de construire une ville fortifiée).
  • L’année 1591 : contre-offensive des Français qui rejettent les Savoyards hors de Provence et envahissent le comté de Nice par le nord (Entraunes, Saint Etienne de Tinée, Isola). Arrêtés à Saint-Martin-du-Var et Aspremont par Annibal Grimaldi, comte de Beuil et gouverneur de Nice, les soldats français sont rejetés en Provence.
  • De 1592 à 1595, les Savoyards occupent à nouveau Grasse et Vence.
  • Mais l’abjuration d’Henri IV et la nomination du duc de Guise (qui est un ligueur) comme gouverneur de Provence, ruinent les projets de Charles-Emmanuel I qui se retire de France.

Fin de la guerre entre la Savoie et la France

  • 1600 - Henri IV envahit la Savoie ; le duc de Guise attaque la cité de Nice qui résiste vaillamment (fin septembre, début octobre).
  • Janvier 1601 - le traité de Lyon
    • Henri IV reconnaît à la Savoie le marquisat de Saluces (possession française en Piémont dont Charles-Emmanuel I s’était emparé en 1588).
    • Il reçoit en échange la Bresse, le Bugey et le pays de Gex.