Des origines au Xe siècle après J.C.
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La grotte du Vallonnet (Roquebrune-Cap-Martin) : un des plus anciens habitats connus en Europe.
- Refuge de très petites dimensions, vieux de 950 000 à 900 000 ans
(le niveau de la mer atteignait + 106 mètres par rapport à son niveau actuel). - Découverte en 1960 d’un fragment de chopper (le plus ancien outil connu en France).
- Des témoignages d’une alimentation carnée.
Terra Amata (Nice) :
- Un des plus anciens foyers aménagés connus dans le monde.
- Des fouilles, entreprises en 1966, ont dégagé 21 sols d’habitats superposés (vieux de 450 000 à 380 000 ans).
- Un campement d’été, en plein air, de chasseurs qui construisaient sur la plage (alors à 25 mètres au-dessus de son niveau actuel) des cabanes faites de branchages (diamètre : 6 mètres) ; au centre de la cabane le foyer était protégé des vents par une murette ; ils chassaient l’éléphant, le rhinocéros, le cerf, le grand bœuf.
- Abondance d’outillages sur galets (choppers, pics, unifaces).
Grotte du Prince :
- En 1998, découverte d’un os daté entre 280 000 et 240 000 ans.
Grotte de l’Observatoire (Monaco) :
- Outils (nombreux éclats) et ossements d’animaux.
Grotte du Lazaret (Nice) :
- Un habitat d’hiver de chasseurs qui se protégeaient du froid en construisant dans la grotte des cabanes, avec foyers aménagés (entre 200 000 et 100 000 ans).
- Des ossements humains : un pariétal droit (d’un enfant de 9 ans) porteur d’une lésion qui est la trace d’une tumeur méningée, ayant entraîné la mort.
Grotte de Pie-Lombard (Tourrettes-sur-Loup) :
- Les premières sépultures (il y a 50 000 ans) qui témoignent de préoccupations religieuses.
Grottes de Grimaldi (Italie - à quelques dizaines de mètres de Menton) :
- Grotte de Cavillon : squelette de “l’homme de Menton”, dégagé en 1872.
- Grotte des enfants : neuf squelettes humains vieux de 20 000 ans, placés dans des sépultures très soignées. Quinze statuettes féminines.
Néolithique :
- Découverte en 1955 à Castellar (au nord de Menton) d’un squelette d’homme, entouré d’objets en céramique et de débris d’animaux domestiques.
La fin de la préhistoire (les ligures) et les débuts de l’Antiquité (les grecs).
A partir du VIIe siècle avant J.-C. des envahisseurs pénètrent en Gaule :
- Les Celtes, venus d’Europe Centrale, s’installent entre le Rhin, les Pyrénées et l’Atlantique et se mêlent aux populations autochtones.
- Les Grecs, venus d’Asie Mineure, établissent des comptoirs sur les rivages de la Méditerranée ; en 600 les Phocéens fondent Marseille.
- Au sud-est du Rhône, les Celtes ne seront jamais nombreux. Les Grecs entrent en contact avec les populations descendant des tribus néolithiques, installées entre le Rhône et la plaine du Pô et dans les Alpes, les Ligures.
Les ligures :
Populations autochtones, descendant des tribus installées au néolithique (différents groupes : Oxybiens et Décéates, sur la rive droite du Var ; Védiantiens, sur la rive gauche du Var).
Les gravures rupestres du Mont-Bego,
plus de 4 000, exécutées de 1 700 à 1 000 avant J.-C. entre 1 900 et 2 600 mètres d’altitude :
- Les cornus et les araires (50 %). Tous les animaux gravés sont des bêtes à cornes. De nombreuses gravures montrent des figures cornues attelées sous le joug et traînant un araire.
- Les armes et les outils (20 %). Poignards et hallebardes (celles-ci toujours associées à l’homme).
- Les enclos (20 %). Figures géométriques.
- Les hommes (0,5 %). Figures stylisées, accompagnant un araire ou une hallebarde. De rares figures humaines ; le sorcier, le mage, le chef de tribu.
Les Castellaras :
Plus de 300 enceintes à gros blocs (VIIIe et VIIe siècle avant J.C.), sans doute enclos pour la protection du bétail et refuges temporaires ; essentiellement dans la région de Grasse et Saint-Vallier.
Les grecs :
- La présence grecque est limitée à Antibes et à Nice, deux ports fondés par les Marseillais, sans doute entre 565 et 540 avant J.-C.
Nice :
- Le site : la colline du château (seul, le replat sud est occupé) ; acropole dominant le port, installé sur la plage des Ponchettes (et non au bassin Lympia).
- Le nom : il s’agit peut-être de l’hellénisation d’un nom étrusque, Nikon.
- L’activité économique est faible.
- Reste sous la dépendance de Marseille jusqu’au IIIe siècle après J.-C.
Antibes :
- Le site : une longue crête rocheuse de 18 mètres d’altitude, entre l’anse de la Salis et l’anse Saint Roch (celle-ci fournissant de bien meilleures conditions portuaires que la plage des Ponchettes à Nice).
- Le rôle commercial est important : la route maritime des Phocéens longe la côte jusqu’à Antibes puis rejoint directement la Corse. De nombreuses épaves ont été trouvées au large du cap d’Antibes.
- Le nom : Antipolis : la ville d’en face (face à la Corse ?).
- Reste sous la dépendance de Marseille jusqu’en 43 avant J.-C.
La conquête romaine : dès le IIème siècle avant Jésus-Christ :
- 154 av jc - Première intervention romaine à la demande des Marseillais (alliés de Rome). Victoire romaine à Aegitna (entre la Siagne et le Var) contre les Oxybiens et les Décéates qui avaient attaqué Nice et Antibes.
- 125 av jc - Deuxième intervention romaine, toujours à l’appel des Marseillais attaqués par les Ligures. Mais, cette fois-ci, les Romains ne partent pas et s’installent dans le sud-est de la Gaule, afin de contrôler les communications terrestres entre l’Italie et l’Espagne récemment conquise.
- 120 av jc - Fondation de la première ville romaine en Gaule : Aix (Aquae Sextiae).
- 117 av jc - La Gaule du sud-est est annexée. Création de la Narbonnaise (Provence et Languedoc), première “province” romaine de la Gaule.
La pacification des Alpes à la fin du 1er siècle avant Jésus-Christ :
- De 25 à 13 avant J.C., l’empereur Auguste impose l’autorité romaine aux peuples alpestres, de la Méditerranée au lac Léman.
- 6 avant J.C. : construction du Trophée de la Turbie, en l’honneur d’Auguste, pacificateur des Alpes (juste à la frontière entre l’Italie et la Gaule).
- 7 avant J.C. : création de la Province des Alpes-Maritimes. Province militaire, elle est sous la dépendance directe de l’empereur. Cemenelum, mise en place en 13 avant J.C. en devient la capitale.
La via Julia Augusta :
Cette voie romaine unit l’Italie et l’Espagne par la Narbonnaise, et joue un très important rôle militaire et commercial.
Cemenelum :
Fondation d’intérêt stratégique sur la Via Julia Augusta.
- Le site : un plateau d’une centaine de mètres d’altitude, à 3 km au nord de Nice.
- Le nom : il s’agit sans doute de la romanisation d’un nom ligure.
- Son histoire n’est connue que de façon très fragmentaire : l’amphithéâtre : 1er siècle avant J.C. - les thermes : 3ème siècle.
- A la fin du 3ème siècle, elle est remplacée par Embrun comme capitale des Alpes-Maritimes, et tombe rapidement en décadence.
- Brève renaissance au début du 5ème siècle, avec l’installation d’un évêque (de 439 à 465). Les thermes de l’ouest sont transformés pour les besoins du culte, en un ensemble paléo-chrétien : basilique, baptistère, nécropole.
Nice
Ce port grec, à l’écart de Cimiez et de la via Julia Augusta, est le berceau du christianisme dans la région (présence chrétienne connue en 314).
Antibes
C'est un port de commerce florissant.
L’agglomération comprend l’ancienne acropole grecque entourée d’une enceinte et la ville gallo-romaine dans la plaine près de l’anse Saint-Roch.
843 : Le traité de Verdun
Les trois petits-fils de Charlemagne partagent son empire en trois royaumes :
- à l'ouest, le royaume de Charles le Chauve (la future France),
- à l'est, le royaume de Louis (la Germanie),
- au centre, le royaume de Lothaire (ou Lotharingie).
Le royaume de Lothaire se disloque rapidement
- Dès la fin du IXe siècle se forme un royaume de Bourgogne-Provence qui, partagé en grands fiefs (comtes, représentants du Roi), se démembre en plusieurs états pratiquement indépendants (Savoie, Dauphiné, Provence).
- En 949, Boson est nommé comte en Provence par le roi de Bourgogne.
Désormais celui-ci n'intervient plus dans la région ; il favorise ainsi le développement d'une maison comtale indépendante. - En 962, le pape couronne empereur le roi de Germanie Othon le Grand. Le nouvel empire (Saint Empire Romain Germanique) s'étend sur l'Allemagne et la plus grande partie de l'ancienne Lotharingie (notamment la Provence).
Une longue période obscure
Disparition de Cimiez.
- Fondée par Rome, la ville, mal défendue sur son plateau, ne résiste pas à l’effondrement de l’empire. Dès le VIe siècle, les derniers habitants se réfugient à Nice, une petite agglomération qui vit chichement.
Rareté des documents pendant cinq siècles.
- Victime des incursions sarrasines, le littoral perd ses habitants qui choisissent des sites quasi inaccessibles de l’arrière-pays où ils vivent dans les mêmes conditions que les Ligures avant l’arrivée des Romains.
- Entre 663 et 999, on ne retrouve aucun nom d’évêque à Nice ; aux IXe et Xe siècles, rien ne permet d’affirmer (ou de nier) la présence d’habitants sur le site de l’ancienne ville grecque.
- A la fin du IXe siècle, la situation s’aggrave car les Sarrasins s’installent dans le massif des Maures, au-dessus du golfe de Saint-Tropez (forteresse de la Garde-Freinet). De cette base, ils se livrent à des incursions dans la Provence.
- Toutefois la présence de populations est attestée à Antibes et à Vence pendant toute cette période.
Saint-Honorat, Saint-Hospice, Saint-Pons
- Le monastère établi par Honorat vers 410 sur la plus petite des îles de Lérins est, pendant deux siècles, un centre actif de recherche intellectuelle, un lieu de prière et de foi, jouissant d’un grand prestige et contrastant avec la barbarie ambiante. Césaire, moine de Lérins, évêque d’Arles de 602 à 642, a joué un rôle théologique important. Détruit par les Sarrasins vers 732, le monastère fut rétabli deux cents ans plus tard.
- Grégoire de Tours mentionne dans son histoire des Francs (à la fin du VIe siècle) un ermite, Saint-Hospice, établi dans une petite presqu’île à l’extrémité du Cap Ferrat, enchaîné de son propre gré, qui prophétise de nombreux malheurs et annonce les barbares.
- Saint-Pons fonde le couvent qui porte son nom, VIIIe ou IXe siècle (à l’emplacement de l’hôpital Pasteur). Le monastère qui possédait de nombreuses terres à Nice, a joué un rôle important dans l’histoire de la ville.
La fin du Xe siècle marque le début de la renaissance de la Provence
Grâce à la victoire obtenue en 973 par Guillaume, comte de Provence, fils de Boson, sur les Sarrasins qu’il chasse du massif des Maures.