Les forts enterrés : Fort du Gordolon, Roquebillière.

Dans l’entre-deux-guerres l’attitude agressive de Mussolini, prétendant récupérer Nice et la Savoie, décide le gouvernement français à développer en urgence « un programme réduit de défense de Nice ». Le premier volet du programme, validé en 1927, consiste à réactiver le système défensif élaboré à la fin du 19e siècle. Le second se concentre sur la construction des gros ouvrages. Dans la Vésubie, les ouvrages de Flaut, au pied du Turini à l’est, et du Gordolon près de Roquebillière en rive droite de la vallée sont construits pour stopper toute intrusion Italienne venant du nord. Un avant-projet en novembre 1929 est établi. L’importance de l’ouvrage est manifeste car il est considéré en 1930 comme devant être un ouvrage de première catégorie soit un : « ouvrage à construire en première urgence sur les crédits disponibles ». Après bien des vicissitudes et des remaniements, le projet est définitivement validé en 1933. La dépense globale est estimée à 20,5 MF dont 15,6 MF pour la seule construction. L’ouvrage comprend un bloc d’entrée mixte (B1) pour les véhicules et les hommes avec pont-Levis et une cloche pour guetteur et fusil-mitrailleur. Le bloc de barrage (B3) est chargé d’interdire la vallée de la Vésubie et de contrôler le vallon de la Gordolasque. Il est lourdement armé (2 mortiers de 75 mm, 2 mortiers de 81 mm, 2 cloches pour jumeler des mitrailleuses, 1 cloche pour fusil-mitrailleur et une cloche observatoire). Le bloc (B2) flanque le gros ouvrage de Flaut. Les abords de ce fort pourront être nettoyés au moyen de 2 mortiers de 81 mm, de mitrailleuses et d’un canon anti-char. Pour évacuer les gaz brûlés émanant des armements un bloc « cheminée » est construit. Soulignons que l’ouvrage, réparti sur trois niveaux, est équipé de deux montes charges pour une hauteur totale de 65 mètres. D'importantes venues d'eau souterraines au niveau de l'étage inférieur des galeries ont imposé le creusement d'une galerie de captage évacuant les eaux à l'extérieur. En 1937, l’ouvrage est considéré comme étant opérationnel mais les travaux complémentaires se prolongeront jusqu’au déclenchement de la guerre. L’ouvrage n’est pas sollicité en juin 1940, car les combats se déroulèrent plus en amont. Dans les années 2000, l'ouvrage de Gordolon est ouvert à tous vents et livré au pillage. De 2011 à 2018, il est acquis par une association MVCG Sud Est Côte d'Azur qui en entreprend la sauvegarde. En 2021, il est repris par l'association "Les amis du fort de Gordolon" qui continue sa restauration.